mercredi 14 mai 2014

Pas son genre de Lucas Belvaux






Le pitch:
Clément, jeune professeur de philosophie parisien est affecté à Arras pour un an. Loin de Paris et ses lumières, Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre. C'est alors qu'il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires, de magazines « people » et de soirées karaoké avec ses copines. Cœurs et corps sont libres pour vivre le plus beau des amours mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ? (Source Allociné)

Mon avis:
"Pas son genre" est adapté du roman éponyme de Philippe Villain sorti en 2011 et que je n'avais pas lu à l'époque tant la quatrième de couverture me ramenait à un passé que je ne voulais pas me remémorer à cette époque. Et si tu penses aller voir une comédie romantique, je t'arrête de suite, n'y vas pas. 
Jennifer est coiffeuse à Arras, elle élève seule son petit garçon, adore Jennifer Aniston et s'éclate tous les samedis soirs dans un karaoké à la sortie de la ville. Sa vie n'est pas brillante mais elle a l'air heureuse. Clément se considère punit en étant muté dans un lycée d'Arras pour enseigner la matière la plus noble, à savoir la philospohie. Et j'ai eu envie de quitter la salle de cinéma, une bonne dizaine de fois....
Commençons par les clichés, parfois pas très subtils:
- La provinciale (Arras) et le parisien (puant forcément).
- La coiffeuse (donc conne) et le prof de philo (donc intellectuel).
- Elle attend sa belle histoire (le Prince Charmant) et lui ne croit pas au couple. 
- Elle est lumineuse, il est sombre. 
- Elle exprime ses sentiments, lui les intellectualise.

Cette histoire, elle me parle. Forcément.

C'est violent, cette lutte des classes. C'est usant qu'on en soit encore et toujours là. Ce qui m'a le plus frappé ce sont les commentaires du public en fin de séance... Oui, j'aime rester dans la file de sortie pour écouter ce qu'en ont pensés mes voisins. Les seniors sont assez compréhensifs pour eux, ce film est un cliché et bien évidement ça pourrait fonctionner alors que si tu passes à notre génération, le discours est tout autre! 
Il y a plus de 10 ans, j'avais eu une conversation un peu animée avec une personne qui m'était chère à l'époque en lui assurant que l'amour, le couple ou encore la famille telle que nous l'avions connu enfant n'existe plus. Nos parents ont eu la chance d'en être les derniers témoins. Je maintiens qu'aujourd'hui, on vit le couple comme une association, "une entreprise" et quand "l'entreprise" se noie, on reprend ses billes souvent sans tenter de sauver quoi que soit. 

La magie du film tient dans le fait que nous pouvons tantôt nous identifier à l'un ou l'autre des protagonistes. Même si pour ma part, je me suis souvent vue (pire, entendue) dans la fausse blonde. Lui, est souvent si froid, imbus même parfois. 
Si il y a une chose à retenir de ce film c'est que finalement la culture ne sauve pas de tout, pas  même de la connerie. 

Les acteurs principaux Emilie Dequenne et Loic Corbery sont parfaits, même si parfois la naiveté que l'on a mis dans le regard de Dequenne est un brin exagéré. 
A noter, l'apparition de Didier Sandre dans le rôle du père de Clément, j'aime cet acteur que l'on voit beaucoup trop rarement sur nos écrans je trouve...

A voir, pas à voir? Cette fois, je ne sais pas. Je te dirais que ça dépend surement de ce que ça pourrait évoquer chez toi. 

Alors à ton avis, un professeur de philosophie peut-il vivre avec une coiffeuse qui s 'éclate au karaoké?


29 commentaires:

  1. Coucou!
    J'ai pas vu le film mais je mets un petit mot quand même car le sujet m'interpelle!
    Tout d'abord, j'adore Didier Sandre! Il est formidable dans l'Allée du Roi par exemple...
    Ensuite, j'ai été prof (agrégée de biochimie) avant d'avoir mes 2 schroumpfs. Et j'ai aussi voulu lutter contre le cliché de la lutte des classes mais c'est pas si évident que ça en fait... C'est bien évidemment possible mais je pense que certaines conditions doivent être réunies. Un personne intellectuelle ayant fait plusieurs années d'études avec une autre exerçant un métier manuel et très peu d'études, cela marche rarement quand même, et je sais de quoi je parle... Sur quelques mois, cela ne pose pas trop de problèmes. Par contre, ensuite, les différences, les modes de pensées, de raisonnement, les envies, deviennent souvent difficiles à accorder et cela met le couple en danger. Ce décalage permanent est très dur à dépasser car l'un ou l'autre risque de perdre son identité dans ce couple trop différent qui demande beaucoup de concessions. Cela peut marcher sous certaines conditions (il existe un socle commun comme un niveau culturel identique, des intelligences émotionnelles ou autres comparables, de la passion dans le métier, une curiosité insatiable et une soif d'apprendre émanant des 2 personnes) mais ce n'est pas monnaie courante... Dans mon entourage d'ex collègues, je ne me souviens pas avoir rencontré de tels couples, cela doit être assez rare tout de même...
    Voilà, ce n'est que mon "petit" témoignage, ma "petite" expérience, qui va à l'encontre de ce que l'on voudrait penser ;-) J'espère d'ailleurs que mes propos ne heurteront personne, je le répète, ce n'est juste que mon avis!
    Bonne journée!
    Des bises

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    1. Je ne pense pas que tu heurteras qui que ce soit... Et je suis plutôt du même avis que toi, mais encore une fois cette histoire a une raisonnance particulière chez moi.
      En Biochimie? Punaise, je suis toujours admirative devant les scientifiques... C'est plus fort que moi!

      Il était vraiment bon dans cette saga, tout de même... Bisous Puffetta et bonne journée ;-)

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  2. Je pense que le décalage culturel, plus que social, est très difficile à vivre dans une relation au long cours....Pourtant, je n'ai pas ressenti que Jennifer était dans le rôle de la "conne"...Elle fait même preuve d'intelligence dans les analyses de leur relation, elle est intuitive, souvent touchante (même si effectivement son regard "éploré" à certain moment donne envie de hurler !)
    Et finalement, je ne sais plus trop dans la peau duquel je retrouve un peu de moi...En tout cas, la courageuse de l'histoire, c'est elle ! Bonne journée !

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    1. Non, moi non plus je ne l'ai pas senti "conne", elle a l'intelligence de la vie je crois mais je fais souvent des raccourcis ^^
      Je suis bien d'accord avec toi, c'est elle qui est courageuse dans cette histoire, elle va "au charbon" comme j'aime le dire ;-)

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  3. CC, bof ça ne me donne pas envie cette histoire, du déjà vu, du réchauffé? Dans ton article un moment tu t'es trompé tu as écrit Lucas au lieu de Clément (2e paragraphe de ton avis)!!! Merci d'en avoir parlé, bizous.

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  4. Je suis en couple depuis 12 ans.
    Ds le genre cliché on fait pas mieux : médecin - infirmière.
    Mais au final ce ne sont pas des professions ou des "castes" qui construisent leur vie ensemble, mais des personnes.
    Réduire telle ou telle catégorie socio professionnelle dans des qualificatifs tels que "snob" , "populaire" ... est aussi intéressant que ceux qui divisent l'espèce humaine en races ...
    Pour moi la richesse vient du mélange et des interactions entre les personnes.

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    1. 12 ans.... Bravo!
      J'ai longtemps travaillé dans le milieu hospitalier, alors ces couples ne sont pas vraiment des clichés je trouve... Il y a quand même, comme le dit Puffetta, un socle commun assez solide dans ces relations. Mais deux univers que tout oppose, je suis pas certaine que ça fonctionnerait... En tout cas, pour moi ça n'a pas marché ;-)

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  5. aouch... je ne sais que dire... bien sûr que coiffeuse provinciale et intello parisien sont le couple cliché de ciné mais après tout ça marche très bien avec My Fair Lady ou Sabrina (la version Billy Wilder est à mon sens bien meilleure que le remake de Sidney Pollack avec Harrison Ford mais je dévie du sujet ;)
    ça me rassure de savoir que plein de gens sont capables de passer outre les différences ou "clivages" d'éducation/religion/couleur pour tenter l'aventure du couple, la réussir, prendre le risque de rater mais tenter quand même.. c'est mon coeur de midinette ^^
    je ne sais pas si j'irais voir le film, certaines choses raisonnent et pas forcément en bien d'ailleurs... je pense qu'on peut se nourrir et même s'épanouir dans les différences mais pas s'il faut se battre en plus contre sa famille, ses amis
    oh zut, voilà que je suis démoralisée
    bon... c'est pas un film pour moi ;)

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    1. J'aimerais y croire aussi ma Nalou, et malgré le fait que comme pour tout le reste, il y aura forcément des exceptions, je ne crois pas que ce soit si simple... Tout comme toi, c'était pas un film pour moi...
      Gros bisous ;-)

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  6. Coucou kaki bien longtemps que je n'avais laissé un com par ici . Que dire je n'ai pas vue le film ni lu le livre mais je vie depuis maintenant 12 ans avec mon opposé dans tous les domaines: moi née avec une cuillère en argent dans la bouche ....lui opposé dans une famille où parfois à partir du 5 du mois après avoir payé les factures ils se demandaient comment ils allaient mangé. Il en a bavé pour arriver où il en est aujourd'hui, moi j'ai jamais eu à me battre pour tout cela. Il ne connaissait le monde qu'au travers des encyclopédies moi je voyage depuis l'âge de 5, son premier voyage il l'a fait avec moi etc..... Je peux te dire qu'à nos débuts ensemble je ne nous en donnais pas pour très longtemps .... Mais voilà 12 ans après on est toujours ensemble...comme quoi cela peut aussi marcher
    Bizz
    V dans l'ouest

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    1. Il faut bien qu'il y ai des exceptions, mais je ne crois pas que ce soit la majorité... Il faut sacrément s'aimer pour vieillir ensemble en général alors si en plus, il y a autant d'obstacles... faut avoir l'intelligence du coeur et ça, c'est pas inné pour tout le monde...
      Bisous à ta poussinette ;-)

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  7. J'aime bien quand tu racontes les films que tu vois ! ;-)

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  8. Merci pour ce billet, je me tâtais justement pour aller voir ce film, j'aime bien Lucas Belvaux et Emilie Dequenne (qui m'avait scotchée dans le film qui l'a fait connaître : Rosetta). Cela me rappelle un autre film, La Dentellière (film de 1976), avec Isabelle Huppert dans le rôle de Pomme, une coiffeuse (encore) qui rencontre un jeune étudiant, leur histoire, qui ne tiendra pas et qui fera s'effondrer la petite Pomme. Si tu as l'occasion de le voir (ça doit bien se trouver en dvd), j'avais été très émue par ce film. Bonne journée. ;-)

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    1. Je ne sais pas si j'ai envie de me replonger dans ce genre d'atmosphère tout de suite, mais si un jour j'ai envie de me faire du mal, pourquoi pas ;-)

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  9. Coucou,

    J'ai vu ton article dans la sélection d'Hellocoton et j'ai été attirée par le titre du film, dont j'ai vaguement aperçu une bande annonce, il me semble, de mémoire...
    Ce titre a raisonné en moi, d'un coup, parce que "Pas son genre", c'est tout à fait ce que je vis en ce moment, en quelque sorte.
    C'est juste que ce n'est pas un problème de différence de milieu culturel mais plus une différence de style.
    Au point que j'ai fait un "rejet" quand j'ai vu la personne en question la première fois... "Tu n'es pas mon genre, pas mon style" je lui ai écrit après lui avoir fait comprendre que je n'avais pas trop envie de le revoir... Le pauvre... :-)
    Finalement, j'ai pas pu m'empêcher... Je suis revenue... et il s'est passé un truc magique entre nous quand j'ai arrêté de réfléchir...

    Bref, je réponds donc "oui" à ta question ! (pas spécialement envie d'aller voir le film pour autant :-)))
    Certaines personnes sont faites pour se rencontrer et vivre de belles choses ensemble et s'il y a attirance, c'est inévitablement qu'il y a certains points en commun (par exemple l''intelligence émotionnelle que tu cites).

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    1. Je ne crois pas qu'il y ai de réponse absolue, ça doit dépendre de chacun mais je pense quand même que dans l'absolu, il doit y avoir bcp plus de couples qui se séparent à cause de ces différences que le contraire... Ceci dit, heureusement que de temps en temps ça fonctionne, et qu'il y a des gens qui arrivent à faire abstraction de tout ça, ca redonne un peu espoir ;-)
      Plein de bonheur alors? ^^

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  10. Hello, ta critique me donne envie; pourtant, je ne pense pas que le moment soit opportun. J'ai plutôt envie de me gaver jusqu'à l'écœurement de fins optimistes, d'espoir naïf, de dénouements heureux. La preuve, je ne lis que des dystopies, en ce moment, pour post adolescents. Oui, oui, je sais, c pas glorieux :-D

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    1. Je suis exactement dans le même état d'esprit en ce moment! On sera deux à ne pas être très très glorieuses ;-)

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  11. Je ne crois pas trop à ces histoires là, dans les faits les mélanges socio-culturels sont plutôt rares... Mais on peut toujours rêver^^, personnellement je n'ai pas très envie de voir ce film, je préfère Losey pour la lutte des classes avec un film resté dans pas mal de mémoires je pense, Le Messager où il est justement question d'une liaison entre deux êtres que tout sépare... Palme d'Or Cannes je sais plus quand lol mais voilà. Certes c'est un vieux film mais j'y reviens souvent, rien que pour les gouttes de pluie cinglantes contre la vitre et la musique, troublante et inoubliable. Et non l'amour n'existe pas, simple projection et rien d'autre. Ou alors s'il existe c'est dans Shakespeare ou le Sturm und Drang, là oui j'y crois à fond ( classes sociales ou pas, aucune importance ) mais la fin est évidemment tragique, elle ne peut être autrement.

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    1. Ah oui, là tu es encore plus "noire" que moi... Ca m'arrange pas, j'avais encore envie d'y croire un tout petit peu ;s
      Mais je note pour le film parce que je suis passée à coté et sait-on jamais un jour où j'aurais envie de me faire un peu plus mal à l'âme...

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    2. Ah mais non, ce n'était pas le but de plomber l'ambiance, et pour le Messager c'est un vieux film, pas du tout orienté vers le pathos mais initiatique et comme toujours avec Losey on parle beaucoup de classes sociales. Noire moi ? J'avoue que je ne vois pas la vie en rose sinon ça va.^^

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  12. 19 ans entre une bibliothécaire et un chauffeur routier.
    Des hauts, des bas, des concessions, un consensus...
    Une équipe, un coach et ses joueurs...
    Voilà, voilà...

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    1. Tu m'impressionnes mais toi, t'es parfaite et lui il en a de la chance de t'avoir ;-)

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  13. J'ai été agréablement surprise par la manière de Belvaux de traiter le sujet, en grossissant le trait tout en n'en faisant pas trop, pour moi il y avait de la subtilité, et une certaine réalité, on se choisit encore dans notre classe sociale, et souvent aussi dans notre périmètre géographique ...

    Belle critique !

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    1. En même temps, ca doit pas être simple si un vit à Lille et l'autre à Marseille, quoi que l'on ne risque pas de tomber de suite dans une quelconque routine ;-)

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  14. Coucou Kaki,
    Je sais pas si ce film est encore en salle mais ton billet m'intrigue et j'ai envie d'en savoir plus ;) L'amour étant parfois surprenant!! Bises ;)

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    1. Oui, il doit encore y être je suis allée le voir la semaine dernière et c'était son jour de sortie ;)

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